Port-au-Prince et Croix-des-Bouquets annulent leur carnaval, Gonaïves dans l’expectative

Les mairies de Port-au-Prince et de Croix-des-Bouquets ont annoncé, le mercredi 20 février, l’annulation des festivités pré carnavalesques et carnavalesques dans leurs communes respectives. Aux Gonaïves, où doit se tenir le carnaval national cette année, aucune décision au niveau de l’Etat n’est encore arrêtée à moins de deux semaines des dates officielles de l’événement. Seul Jacmel confirme l’organisation de « son » carnaval, le dimanche 24 février.

La rue aura raison du carnaval. Du moins, à Port-au-Prince et à Croix-des-Bouquets, pour l’instant. Les turbulences sociopolitiques qui secouent le pays depuis le 7 février contraignent les autorités à réviser leurs plans. Après avoir annulé des festivités précarnavalesques en raison des troubles, des municipalités font tout simplement une croix sur le carnaval dans leur ville cette année. Contrairement à ce qui était prévu, il n’y a pas de chars musicaux ou des défilés liés au carnaval à Port-au-Prince et à Croix-des-Bouquets. « Suite aux journées de crise qui ont provoqué la paralysie totale de toutes les activités tant à Port-au-Prince que dans plusieurs villes de province, l’administration communale de Port-au-Prince a pris la décision d’annuler les festivités pré-carnavalesques et carnavalesques devant avoir lieu le 24 février et les 3, 4 et 5 mars», indique la mairie de Port-au-Prince dans un communiqué.

Les responsables évoquent un problème de sécurité mettant en péril le bon déroulement des festivités. « Dans le souci d’offrir un spectacle à la hauteur des attentes et à l’image des acteurs et surtout dans le souci de pouvoir garantir la sécurité absolue des carnavaliers, le comité organisateur du carnaval de Port-au-Prince, après de longues heures de concertation, a jugé impossible la planification d’un défilé carnavalesque de qualité dans le court délai menant aux trois jours gras », expliquent les autorités municipales de Port-au-Prince.

Gonaïves : les autorités toujours indécises

Si des villes ont annulé leurs festivités, par contre rien n’est encore décidé pour le carnaval national. Aux Gonaïves, on joue sur le temps. Les avis divergent sur l’organisation de l’événement. Si des opérateurs culturels ou des commerçants souhaitent que la plus grande fête populaire du pays se tienne, il n’en est pas question pour d’autres, notamment des acteurs politiques hostiles au pouvoir en place. Face à la cherté de la vie provoquant la détérioration des conditions de vie des plus pauvres, le moment n’est pas approprié à de telles bamboches. A moins de deux semaines des dates officielles, aucun préparatif n’est en cours dans la ville des Gonaïves, constate un collaborateur du Nouvelliste sur place.

Contacté par le journal, le secrétaire d’Etat à la Communication, Eddy Jackson Alexis, ne peut ni confirmer ni infirmer la tenue du carnaval national. « Il n’y a pas encore de décision arrêtée », a affirmé M. Alexis, soulignant qu’ « au niveau de l’Etat, on étudie les possibilités, des réflexions sont en cours ».

« Le carnaval est inscrit dans notre calendrier, avance le secrétaire d’Etat à la Communication. C’est comme la fête des Pâques ou autres. Ça ne concerne pas uniquement le gouvernement. Il y a les opérateurs culturels qui sont des acteurs majeurs dans les festivités. Il y a aussi la population. On va voir… »

A Jacmel, les autorités avaient décidé dans un premier temps de surseoir au carnaval. Et finalement, dans un second temps, les opérateurs culturels ont réclamé « leur » carnaval. Après avoir parcouru les rues de Jacmel pour réclamer entre autres le départ du chef de l’Etat, les Jacméliens l’ont fait à nouveau dimanche soir. Cette fois, pour danser. Et ils danseront encore dimanche prochain.

Valéry Daudier

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