À la rencontre de Joslord Elmilus, manager et représentant de Roody Roodboy

Quand on relit l’histoire du showbiz, on réalise que le talent de nos artistes préférés ne suffit pas pour leur assurer une belle carrière. Il faut aussi l’expertise d’un manager, d’un représentant ou d’un pygmalion pour y arriver. En ce début de 2019, Ticket se propose de vous faire découvrir ces femmes et ces hommes qui travaillent le plus souvent dans l’ombre pour assurer à leurs protégés un grand rayonnement. Pour lancer cette série, nous vous faisons découvrir ci-après Joslord Elmilus, le manager et représentant de Roody Roodboy en Haïti, qui considère l’artiste au bout de deux ans et demi comme un frère d’une autre mère.

Le parcours de Joslord Elmilus a de quoi conforter notre certitude sur le pouvoir de la persévérance. Avec lui le proverbe « il n’y a pas de sot métier » prend tout son sens. Eh oui, longtemps avant de devenir le représentant et manager local de l’un des artistes les plus en vue du HMI, il a collecté ces petits boulots dont plus d’un n’oserait pas avouer par peur de mépris. « M te bèfchèn, m te chofè adwat, m te konn fè taksi moto », raconte-t-il sans broncher. Le benjamin des Elmilus n’a jamais eu de complexe quand il s’est agi de gagner sa vie dignement. Durant les vacances dans son Verrettes natal, il travaillait également dans les champs. Juste avant le séisme, Joslord avait bossé comme gardien de la porte qui donnait accès au char de Vwadezil.

Les vicissitudes de son existence lui ont contraint d’avoir un parcours académique atypique. Il a dû fermer son dossier d’étudiant en droit à la faculté des Gonaïves puisque l’un de ces frères a passé de vie à trépas cette année-là. Joslord a poursuivi des études en informatique et en marketing. Sa persévérance, comme on l’a dit plus haut, lui a permis d’occuper des postes un peu plus prestigieux au sein d’institutions ayant pignon sur rue comme Dagmar et PCR Media, Rhum Bakara…

En parallèle à ses activités professionnelles, l’homme de 29 ans aujourd’hui s’est improvisé organisateur d’événements. C’est d’ailleurs dans le cadre d’une activité qu’il organisait dans son patelin qu’il fera la connaissance de Roody Roodboy. « Il était notre artiste invité. À la fin on a sympathisé et bingo le courant a passé ! On a cru devoir travailler ensemble dès lors », se souvient Joslord.

Depuis deux ans et demi, le père d’un petit garçon assure le booking, le management au niveau local pour la voix de « Tranble ». Il cherche çà et là les débouchés pour l’artiste. Il gère son image. Joslord travaille en étroite collaboration avec le label au sein duquel évolue le chanteur et aussi avec ses divers représentants à l’étranger.

De ses rapports avec son protégé, le représentant ne dit que du bien. « À ce jour, on n’a jamais connu de différends. On se comprend facilement. Il ne se ferme pas sur mes conseils, mes suggestions. Cela facilite nos rapports », explique-t-il.

Le manager se targue d’avoir réussi à briser chez l’artiste sa peur bleue des sponsors. « Quand j’ai rencontré Roody et qu’on a parlé de notre stratégie d’aller vers des entreprises pour établir des partenariat avec elles, il ne semblait pas très partant. J’ai réussi à le persuader que c’est utile qu’il se prête au jeu d’ambassadeur de marques. C’est ainsi qu’on est allé frapper aux portes de Joker, Bakara et bien d’autres », témoigne Joslord. Le manager explique être pour quelque chose dans le succès du chanteur aux deux dernières éditions du carnaval. « En 2017, dit-il, on était dans le doute. Il fallait se prouver. Le succès était obligatoire. En 2018, il fallait faire face à tous ces obstacles qui jalonnaient notre route. » Il a encouragé l’artiste à ouvrir un compte en banque, à se doter de patente avec son nom commercial.

En contrepartie, il pense que Roody lui inspire le devoir de dresser la barre toujours plus haut et, bien entendu, la popularité. « Jamais mon travail n’était aussi connu », reconnaît-il.

Joslord estime qu’avec le temps Roody devient une sorte d’alter ego pour lui, un frère d’une autre mère. Il ne se passe pas une heure sans qu’on ne s’appelle ou qu’on ne se voie, confie-t-il. Ils ont à peu près le même centre d’intérêt, ce qui solidifie leur rapport. « À mon humble avis, pour être un bon manager, il faut trouver le juste équilibre entre l’amitié et les rapports professionnels. Roody et moi nous sommes de très bons potes, mais il nous arrive de ne pas être d’accord sur des choix à faire pour sa carrière. Heureusement, on arrive toujours à trancher en faveur de sa carrière », souligne-t-il.

Les ambitions de Joslord pour son artiste, c’est de reprendre avec lui des projets humanitaires qu’il avait laissés de côté à cause de son agenda surbooké. Il y a, par exemple, un projet d’assainissement qu’il avait initié à Cavaillon, et aussi son désir de faire se produire la star dans les centres carcéraux pour enfants et femmes où ce dernier est très sollicité pour la teneur de ses textes. Le manager projette de trouver du temps pour que l’artiste finalise cet album promis depuis quelque temps. Son ambition ultime c’est de le projeter au niveau d’un artiste de la trempe d’Akon. « Je veux que quand on parle de l’artiste haïtien le plus abouti on fasse allusion à Roody Roodboy », avoue-t-il.

Au sujet du carnaval de 2019, il nous annonce que le texte de cette année s’intitule « SK ». S pour San, K pour Konsyans. « Cela promet de barder, comme c’était le cas pour les méringues d’avant », prévient-t-il. Aux nombreux fans inconditionnels il demande de faire montre d’un peu de patience en attendant le cocktail musical que Roody mijote.

Le Nouvelliste

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