Six facultés de médecine sont reconnues par le ministère de la Santé publique

Il y a 18 facultés de médecine légalement enregistrées au Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP). 6 d’entre elles sont reconnues, 12 ont un dossier en cours d’étude. La procédure? Rigide, controversée, elle suscite le débat.

Les derniers chiffres font état de 6,5 professionnels de santé pour 10 000 habitants en Haïti, loin des normes de l’OMS qui fixent une valeur minimale de 25 professionnels de santé pour 10 000 habitants. Il y a trois mois environ, la Direction de la formation et de perfectionnement en sciences de la santé (DFPSS) du MSPP avait annoncé en grande pompe le nombre de facultés de médecine reconnues en Haiti. Dans une entrevue exclusive accordée au quotidien Le Nouvelliste, le directeur de la DFPSS dévoile les noms et la procédure de reconnaissance.

« Etre une faculté de médecine reconnue n’est pas statique. Il y a des dossiers qui sont en cours d’évaluation, parmi eux, certaines autres facultés de médecine seront reconnues et d’autres pourront perdre leur reconnaissance », a déclaré le Dr Vladimir Larsen, directeur de la formation du ministère.

Les 6 facultés sont: les facultés de médecine de l’Université Quisqueya, l’Université d’Etat d’Haïti, l’Université Notre-Dame d’Haïti, l’Université Royale d’Haïti, l’Université Lumière, l’Université de la Fondation du Dr Aristide.

La reconnaissance est accordée pour une période de 5 à 10 ans au maximum, renouvelable sur vérification satisfaisante. « A ce stade, la reconnaissance de beaucoup de facultés de médecine arrive à son terme, il faut une évaluation approfondie de ces 6 facultés pour qu’elles puissent garder l’autorisation de fonctionnement », a souligné le Dr Vladimir Larsen.

Pour les 12 autres facultés de médecine, le Dr Larsen n’a pas voulu citer de nom. Il n’entend pas non plus faire d’annonce officielle avant que l’évaluation soit terminée. Cependant, force est de constater qu’il existe bien plus que 6 facultés de médecine en Haïti. A l’heure où la médecine haïtienne est contrôlée à la loupe par les experts venus de partout, quelles sont les conditions de reconnaissance d’une faculté de médecine?

Une personne désireuse de mettre en place une faculté de médecine doit remplir, entre autres, ces conditions:

Des frais d’étude de dossier qui s’élèvent à deux cent cinquante mille (250,000.00) gourdes pour la première évaluation et à cent cinquante mille (150,000.00) gourdes pour les évaluations subséquentes. La faculté de médecine doit obligatoirement être rattachée à une université. Il existe un profil de médecin et une philosophie clairement définie pour y arriver tels que la présentation des grandes méthodologies de l’institution ainsi que la gestion curriculaire. Dans un document qu’il aura a présenter, la faculté doit montrer les démarches qu’elle compte entreprendre pour avoir une bonne gouvernance académique et administrative.

Le chapitre qui suscite des controverses est celui relatif aux stages hospitaliers. Dans le document, il est dit que la faculté doit être affiliée à un hôpital à vocation universitaire. Combien existe t-il d’hôpitaux à vocation universitaire en Haïti?

Selon le directeur de la formation au Ministère de la Santé publique et de la Population, une faculté peut être affiliée à plusieurs hôpitaux, mais un hôpital ne peut pas être affilié à plusieurs facultés comme c’est déjà le cas.

En Haïti, il y a environ 4 hôpitaux universitaires et 3 centres hospitaliers spécialisés. Le MSPP est en train de jongler entre un système où il n’y a pas assez de professionnels de santé par habitant et un système où les facultés de médecine se juxtaposent à longueur de rue. Faut-il verrouiller le système au risque qu’il devienne inaccessible? Ou faut-il l’ouvrir au risque que la médecine haïtienne ne soit plus crédible?

Mieux encore, comment créer un système équitable où les personnes désireuses de mettre en place une faculté de médecine ne butent pas contre des obstacles rédhibitoires?

Comment trouver la bonne formule?

En attendant, une grande partie de nos médecins formés à l’étranger ne retournent plus au pays. D’autres formés en Haïti quittent le pays au premier prétexte qui se pointe devant eux. Comment le MSPP, loin de générer la peur, peut-il inciter le secteur privé à investir dans le secteur de la formation médicale en Haïti?

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