Douze faits qui ont marqué l’actualité économique en 2017 en Haïti

Source Riphard Serent / Économiste | Le National

1- Le vote du budget 2017-2018 au Parlement

Malgré les anomalies enregistrées, les différentes protestations de plusieurs secteurs de la vie nationale (société civile, secteur privé, universités…) et les analyses de plusieurs économistes, les députés et les sénateurs avaient décidé de voter le projet de loi de Finances 2017-2018. Une enveloppe budgétaire de 144 milliards de gourdes, dont 65% seront financés par les recettes fiscales et 15% pour honorer le service de la dette en 2018.

2- Les pertes économiques du cyclone Matthew

Selon le dernier Post Disaster Need Assessment (PDNA), les pertes économiques de l’ouragan Matthew sont évaluées à 2.8 milliards de dollars. Tout au long de l’exercice 2016-2017, les pertes et les dégâts causés par Matthew n’avaient pas cessé de retenir l’attention des économistes dans leurs analyses sur l’évolution du secteur agricole et sur la progression de
l’inflation qui a franchi la barre de 15% en mai 2017 pour la première fois depuis octobre 2008.

3- Augmentation en moyenne de 18% des prix des produits pétroliers sur le marché

Après toute une semaine de débats, de discussions, de propositions et même  de menaces, le gouvernement avait finalement trouvé une entente avec les syndicats et procédé à un ajustement de 18% des prix sur la gazoline, de 20% sur le diesel et de 17% sur le kérosène. Avec cet ajustement, le gouvernement envisageait de diminuer les manques à gagner sur les recettes pétrolières, en captant au moins 23 millions de gourdes par jour.

4- Ajustement du salaire minimum à 350 gourdes

En dépit de plusieurs journées de manifestation et contrairement à la demande de 800 gourdes des ouvriers de la sous-traitance, le Conseil Supérieur des Salaires (CSS) avait rendu son rapport dans lequel il avait fixé le salaire minimum à 335 gourdes. Soulevant encore la grogne, cette décision a été reconsidérée par la Présidence qui avait arrondi le salaire minimum à 350 gourdes. Cette décision est entrée en vigueur en août 2017, suite à l’arrêté du 28 juillet dans le numéro spécial (23) du journal officiel ‘’Le Moniteur’’.

5- Une appréciation d’environ 10% de la gourde face au dollar

De mars à septembre 2017, la gourde haïtienne s’est appréciée de manière considérable face au dollar. Le taux de change est passé de 69.35g à 62.69g pour un dollar au cours de cette période, soit une appréciation de 9.6%. Les effets positifs de la stabilisation du taux de change, qui évolue en dessous des 65 gourdes pour 1 dollar jusqu’à la fin de l’exercice fiscal, commencent à avoir des répercussions positives sur l’évolution de l’indice des prix à la consommation au premier trimestre de l’exercice 2017-2018.

6- Les réserves nettes de la BRH ont atteint 1 milliard de dollars américains

Le mois de mai 2017, a été un mois de grande satisfaction pour les autorités monétaires, car au-delà d’une bonne performance sur le marché des changes, les opérations stratégiques de politique monétaire sur le marché ont permis à la BRH d’enregistrer des réserves nettes de change de l’ordre de 1,045 millions de dollars, soit une croissance de 10.8% par rapport au mois précédent.

7- Acquisition de la DINASA par une compagnie française et de la Scotiabank par la Unibank

L’année 2017 aura été une année marquante pour l’économie haïtienne en matière d’investissements directs étrangers, car c’est pour la première fois que ces investissements dépassent la barre de 250 millions de dollars américains, grâce à l’acquisition de la DINASA et sa filiale Sodigaz par la compagnie française, RUBIS, spécialiste en stockage de produits pétroliers. Au cours de cette même année, la Unibank a conclu une entente pour l’achat des opérations de la Scotiabank, ce qui lui a permis d’augmenter sa part de marché de 3% pour passer de 31% à 34%.

8- Un déficit commercial de 2 milliards de dollars sur les 10 premiers mois

L’écart entre ce qu’Haïti vend à l’étranger (exportations) et ce qu’elle achète de l’extérieur (importations) se creuse davantage. Sur les 10 premiers mois de l’exercice 2017, le déficit commercial se chiffrait déjà à environ 2 milliards de dollars, en raison d’une hausse de 11% des importations et d’une baisse de 2% des exportations. Néanmoins, les affaires dans les déchets plastiques et métalliques étaient reluisantes avec des exportations de l’ordre de 25 millions de dollars en 2017, contre 19 millions en 2016, soit une progression de 30%.

9- Une baisse du déficit budgétaire au 4 e trimestre de l’exercice 2017

Suite à une bonne performance des recettes fiscales pour l’exercice 2017, conduisant à un taux de réalisation de 104.5% des prévisions du gouvernement, le déficit budgétaire au 4 e trimestre s’est chiffré à 1.9 milliard de gourdes, soit une baisse de 1.6 milliard de gourdes par rapport au 3 e trimestre de l’exercice. Toutefois, sur l’ensemble de l’exercice fiscal 2016-2017, il est encore trop tôt pour avoir des chiffres exhaustifs sur le niveau du solde budgétaire, puisqu’il y a des opérations de dépenses engagées et qui ne sont pas encore passées dans les caisses de la BRH, selon une source de la direction générale du Budget du ministère des Finances.

10- Un rapport sur la gestion des fonds de Petrocaribe

S’il existe un lien étroit entre le niveau de corruption dans un pays et le niveau de développement économique, on ne saurait omettre le lancement en juillet 2017, par la Commission éthique et anticorruption du Sénat, d’une série d’auditions, dans le cadre de l’enquête sur la gestion des fonds de Petrocaribe. L’avenir de ce rapport ne manquera pas d’avoir des conséquences sur la position d’Haïti dans le classement 2018 de la Transparency International dans l’indice de perception de la corruption.

11- Haïti figure parmi les pires pays pour faire des affaires

C’est l’un des titres marquants de l’actualité économique de la dernière semaine de l’année 2017. Le Magazine Forbes abonde dans le même sens que la Banque mondiale et identifie un ensemble de facteurs sur lesquels Haïti doit formuler et implémenter des politiques publiques en vue d’attirer des investissements tant locaux qu’internationaux. En occupant la 151e place sur 153 pays dans le classement ‘’Best Countries for Business’’ du Magazine, Haïti a enregistré le score le plus faible au niveau régional, alors que le Chili (33e) est le champion de la région devant la Jamaïque (72e) et la République dominicaine (93e).

12- L’Économie haïtienne clôture l’exercice 2017 avec un taux de croissance de 1.2%

Contrairement aux prévisions du Fonds monétaire international (1%), de la Banque mondiale (0.5%) et de la CEPAL (1.3%), l’économie haïtienne a enregistré pour l’exercice 2017 une roissance de 1.2%. Cette croissance est supportée surtout par le secteur des services et la construction et reflète les impacts des deux grands chocs subis par l’économie : l’ouragan Matthew et une période de transition politique.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *