Haïti a choisi de devenir un pays pauvre : les vingt raisons qui le prouvent

Source Etzer Emile 

Nous publions ci-après l’introduction de l’ouvrage d’Etzer Emile « Haïti a choisi de devenir un pays pauvre : les vingt raisons qui le prouvent » qui sera en vente signature le 15 novembre prochain à l’hôtel Marriott.

Pour expliquer le niveau de pauvreté d’Haïti, il serait tout à fait juste de faire un retour historique jusqu’à la période coloniale marquée par l’exploitation des richesses de l’île d’Haïti. Période qui a été suivie par des années de turbulences et de guerres dévastatrices débouchant sur l’indépendance qui, à son tour, a conduit à l’isolement international de la nouvelle République. Il serait aussi légitime de se concentrer sur la première moitié du XXe siècle marquée par une période d’instabilité et de troubles jusqu’à l’Occupation Américaine de 1915, pour comprendre les causes de la pauvreté d’Haïti. Certains auteurs seraient en droit d’évoquer également l’ère des Duvalier entre 1957 et 1986, comme une période de modernisation et d’institutionnalisation ratées, marquée par la dictature, la corruption et le sous-développement, où la conservation du pouvoir était le seul mobile politique et social, au détriment de l’amélioration réelle des conditions de vie de la population. Une période couvrant trois décennies qui ont vu d’un autre côté l’émergence économique des pays comme la République Dominicaine, le Costa-Rica, le Chili ou les dragons de l’Asie du Sud-Est.

En ce qui nous concerne, nous avons plutôt choisi d’inscrire ce travail dans le contexte historique post-Duvalier qui coïncide avec les 30 ans de «cette transition qui n’en finit pas», pour analyser les choix et les comportements des différents secteurs, du public comme du privé, des milieux politiques comme économiques, sans négliger la dimension sociologique. Nous allons ainsi essayer de saisir le lien qui existe entre ces choix et le processus de production, de reproduction et d’accélération de la pauvreté en Haïti.

Le choix de focaliser le travail sur cette période est justifié. La chute du régime des Duvalier a marqué un tournant dans l’histoire politique, économique et sociologique du pays. Il faut admettre aussi qu’Haïti n’a pas toujours été un pays pauvre, ou peut-être, n’a pas toujours été aussi pauvre. Malgré l’isolement et la non-reconnaissance de l’indépendance pendant une bonne partie du XIXe siècle par la plupart des puissances de l’époque et des pays de la région, Haïti a quand même pu construire une économie fondée sur la production et l’exportation de produits agricoles, notamment la banane, le café, le cacao et le sisal.

Jusqu’en 1960, Haïti avait le même niveau de PIB par habitant que la République Dominicaine, soit un revenu de près de 700 dollars américains1 (voir graphe ci-dessous). Environ cinquante-cinq ans plus tard, le revenu moyen en République Dominicaine a été multiplié par neuf, ce qui fait d’elle un pays à revenu moyen (6,373 dollars par habitant), alors que celui d’Haïti a pratiquement gardé le même rang en augmentant d’à peine plus de 100 dollars, affichant ainsi le niveau de 739 dollars américains (Banque Mondiale, 2016).

L’autre intérêt de ce travail est de montrer la responsabilité des Haïtiens dans l’état de pauvreté du pays. En choisissant le titre Haïti a choisi de devenir un pays pauvre, nous affirmons que la responsabilité de notre situation est d’abord et principalement la nôtre, sans vouloir minimiser l’implication de la Communauté internationale, notamment celle des «Pays amis» dans la dégradation du niveau de vie en Haïti.

En effet, nous pourrions être comme ceux qui blâment surtout les puissances économiques, les colonialistes d’antan et les occupants d’aujourd’hui, mais nous avons choisi de mettre la responsabilité de nos maux sur nos propres épaules. Comment peut-on nous dominer sans notre complicité ? Comment peut-on nous faire du mal sans notre passivité ? Comment peut-on choisir pour nous sans notre aval ?

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