Décès de Jacqueline LEMOINE : Le dernier acte d’une grande dame de la culture

La muse est partie rejoindre son poète, Lucien. Actrice comédienne, haïtienne et sénégalaise d’adoption, Jacqueline Scott-Lemoine est décédée samedi, à Dakar, à l’âge de 88 ans.

« Le 10 avril 1966, le Sénégal nous accueillait les bras ouverts, avec Teranga, sans même que nous connaissions la signification du mot. Nous étions  adoptés, mon mari et moi. Partout où je me suis trouvée en Afrique, je me suis fait des amis. Faites comme moi… », confiait la doyenne Jacqueline Scott-Lemoine à ses jeunes compatriotes haïtiens au pied du Monument de la Renaissance africaine. C’était le 13 octobre dernier, lors de l’accueil, à Dakar, de 163 étudiants de son pays d’origine.  Jacqueline Scott-Lemoine, très émue, avait témoigné et raconté à ces jeunes étudiants et à l’assistance présente ce jour, sa passion pour l’Afrique  qui dure depuis 1966. L’artiste comédienne, veuve de Lucien Lemoine, poète et enseignant, décédé le 13 janvier 2010 au lendemain du séisme sur l’île d’Haïti, demandait aux 163 étudiants de suivre, sur le sol africain, les pas de leurs illustres aînés haïtiens et prédécesseurs à Dakar. Elle avait ensuite entonné l’hymne national du Sénégal sous les applaudissements du nombreux public présent à ce chaleureux accueil.

A ces jeunes étudiants qui venaient d’arriver, le président sénégalais, Abdoulaye Wade, disait d’ailleurs : « Vous n’êtes pas en terrain inconnu du peuple haïtien. Des générations de vos compatriotes vous ont précédé ici. Je pense à Gérard Chenet, à Jean Fernand Brière, à Roger Dorsinville et au célèbre couple, mes amis Lucien Lemoine et Jacqueline Scott Lemoine, arrivés au Sénégal en avril 1966, à l’occasion du premier Festival mondial des Arts nègres… »

Le 10 avril 1966, exactement, le couple Lemoine, Lucien et Jacqueline Scott, était accueilli dans l’effervescence de ce premier rendez-vous mondial des Arts nègres. Depuis, le couple Lemoine est souvent monté sur la scène du Théâtre national pour distiller son talent d’artistes comédiens, de diseurs de poèmes. Si l’époux, Lucien, a longtemps animé « La voix des poètes » à la télévision nationale sénégalaise et modelé la diction de nombreux journalistes africains au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), sa femme, Jacqueline Scott, elle, a intégré la troupe dramatique du Théâtre national Daniel Sorano. Pendant dix-huit ans, sous la houlette de célèbres metteurs en scène, Maurice Sonar Senghor, Raymond Hermantier, Jean-Pierre Leurs, entre autres, elle a fait les beaux jours de ce temple sénégalais du 4e art en interprétant plusieurs rôles dans de nombreuses pièces comme « Monsieur Pots de vin et consorts », « L’Os »,  « L’Exil d’Alboury »,  « Sikasso ou la dernière citadelle », « La Fresque sur l’Afrique et l’Homme noir », « Les Amazoulous », « Le Malade imaginaire », « Les Bouts de bois de Dieu, «Tête d’Or », « Le Sacre du Ceddo », « Macbeth », etc.

18 années de présence à Sorano

Au Théâtre national Daniel Sorano, le public applaudit l’artiste comédienne Jacqueline-Scott Lemoine, pour la dernière fois  lors de la célébration des 40 ans de la compagnie, en 2005. Jacqueline Scott-Lemoine interprétait alors le rôle de la Reine-mère dans la pièce « L’Exil d’Alboury » de Cheik Aliou Ndao. Elle est également apparue dans quelques films et a publié un roman, des articles, une nouvelle, entre autre œuvres littéraires.

En décembre dernier, lorsqu’elle revient au Théâtre Daniel Sorano, pour l’hommage que la communauté artistique et littéraire rendait à son défunt époux Lucien, Jacqueline Scott-Lemoine très émue, assise aux côtés de Mme la Première dame du Sénégal, avait juste placé le mot « Merci », devant tant de sollicitude.

Née le 28 octobre 1923 à Port-au-Prince, Jacqueline Scott,  après sont Baccalauréat, a suivi une formation de comédienne au Centre d’art dramatique et au Conservatoire d’art dramatique de Port-au-Prince. Dans un article que lui consacre Giscard Bouchotte, Jacqueline Scott aurait découvert la France métropolitaine, en 1950. Après un stage et un Certificat de stage à l’Office de Radiodiffusion télévision française, en 1960, elle rencontre Jean-Marie Serreau qui lui propose le rôle de la reine dans « La tragédie du roi Christophe » d’Aimé Césaire. Elle épouse Lucien Lemoine à Paris en 1964 et fera le tour de l’Europe avec la Compagnie du Toucan, avant de se rendre, en 1966, à Dakar, pour participer au programme du 1er Festival mondial des Arts nègres au Théâtre Daniel Sorano. C’était devant le président-poète Léopold Sédar Senghor…

Devenue citoyenne sénégalaise en 1976, l’artiste comédienne était décorée de plusieurs titres dans son pays d’adoption, dont ceux de Chevalier dans l’Ordre national des Palmes académiques, Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Grand Croix de l’Ordre national du Mérite du Sénégal, mais également Chevalier de la Légion d’Honneur  française…

Omar DIOUF /Le Soleil

Une pensée sur “Décès de Jacqueline LEMOINE : Le dernier acte d’une grande dame de la culture

  • 11 juillet 2011 à 8:16
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    pandan mwen te an exil nan lane 80 yo mwen te rankontre anpil kompatriot atis tankou nan vil miami ,Farah Juste mwen te rankontre nan kombite libete se te yon program Gerard Jean Just te kon fe chak samdi swa ,Richard Brisson ,Martha Jean Claude ki te ouve pot li banmwen la havane ,jaqueline nan lerope de less ,mwen toujou we tout kapasite peyi sa deyow ,mwen pa kon ki jan poun ta fe yon omaj a compatriot sayo ,sitou pou richa ,map di JAQueline repose nan la pe nan te zanset yo ou nan ke anpil ayisien .

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  • 11 juillet 2011 à 8:55
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    Reposez en paix Mme Jaqueline.Une fois de plus,Avant de mourir vous faites nos images aupres du peuple senegalais.

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