BONJOUR SANTÉ

Les enfants prématurés vivent mieux qu’il y a vingt ans

Le taux de survie des enfants nés avant terme en France s’est amélioré, et leur risque de développer des handicaps s’est réduit.

Si la naissance d’un enfant est toujours une source de joie, celle d’un bébé prématuré s’accompagne également d’une grande anxiété pour les parents. Pourtant, la médecine fait des progrès. Les enfants nés prématurés sont en meilleure santé qu’il y a vingt ans. C’est ce que révèle une grande étude française, du nom d’Epipage 2, qui porte sur 5567 enfants nés avant 35 semaines  (c’est-à-dire avant sept mois et demi de grossesse) et âgés de deux ans au moment de la collecte des données.

«Non seulement nous avons observé une amélioration du taux de survie de ces enfants nés prématurés, mais cette survie se fait également sans handicaps moteurs et sensoriels», explique Pierre-Yves Ancel, dernier auteur de l’étude, professeur de santé publique à l’université Paris-Descartes et chercheur dans l’équipe EPOPé de l’Inserm.

«La grande différence avec la fin des années 1990, c’est qu’il y a aujourd’hui un suivi systématisé et organisé des enfants prématurés»

Pr Pierre-Yves Ancel

Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont comparé les statistiques recueillies dans neuf régions françaises entre 1997 (Epipage 1) et 2011 (Epipage 2). Leurs résultats publiés dans le British Medical Journal montrent que «le nombre d’enfants qui survit au-delà de deux ans a augmenté de 6% tandis que le risque pour eux de développer des handicaps a diminué de 7%.»

«La grande différence avec la fin des années 1990», indique le Pr Pierre-Yves Ancel, «c’est qu’il y a aujourd’hui un suivi systématisé et organisé des enfants prématurés grâce à la mise en place de réseaux, composés de médecins et autres professionnels», qui couvrent pratiquement l’ensemble du territoire.

Des progrès médicaux ont également été réalisés: «désormais, lorsqu’il y a un risque de naissance prématurée, nous donnons plus fréquemment aux mères des corticoïdes, ce qui permet un meilleur développement de certains organes, en particulier les poumons », explique Véronique Pierrat, premier auteur de l’étude, néonatologiste au CHU de Lille et chercheuse à l’Inserm.

Malgré tout, l’étude montre l’importance de chaque semaine supplémentaire passée dans le ventre de la mère : selon les données de 2011, le taux de survie des enfants est supérieur chez les enfants nés entre la 32e et la 34e semaine de grossesse (près de 99 %) que chez les enfants nés entre 24 et 26 semaines (52 %). Ces derniers sont également sujets à davantage de complications: 6,9 % des enfants nés entre la 24e et la 26e semaine présentent une paralysie cérébrale. Ce chiffre tombe à 4,3 % pour les bébés nés entre 27 et 31 semaines et à 1 % pour ceux nés entre 32 et 34 semaines.

Les chercheurs ont également analysé, pour la première fois, des données relatives au retard de développement. Plus de 2500 parents ont ainsi évalué par questionnaires certaines capacités de leurs enfants: la communication, la motricité, la capacité à résoudre un problème et les compétences sociales. Les questions étaient telles que: «votre enfant est-il capable de sauter à deux pieds?» ou «peut-il taper dans un ballon?»

«Ce questionnaire révèle que 40 à 50 % des enfants nés prématurés présentent des résultats en dessous de ce qui est attendu à cet âge», explique le Pr Pierre-Yves Ancel, ce qui traduit un risque de retard de développement. La moitié des enfants nés avant 26 semaines sont concernés, contre 36% de ceux nés entre 32 et 34 semaines. Impossible pour le moment de savoir si ce retard aura des conséquences sur leur vie future. Les chercheurs en sauront bientôt plus. Comme nous précise le Pr Pierre-Yves Ancel, «les enfants inclus dans cette étude ont actuellement cinq ans et demi et sont en train de passer de nouveaux examens».

Nadeige CAJUSTE – Vision Sans Frontières (VSF)

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