Analyse des développements récents observés dans l’économie haïtienne au 3ème trimestre de l’exercice 2017-2018
Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000
La Banque centrale a rendu public sa dernière note sur la politique monétaire, cette note qui analyse les développements récents observés dans l’économie haïtienne pour le 3ème trimestre de l’exercice fiscal 2017-2018.
En effet, pour le secteur réel de l’économie, la Banque des banques a rappelé que l’inflation est passée de 1.2% en mars à 1.5% en mai dernier, suite notamment à l’augmentation des prix du carburant et des transports en commun. Selon les experts de la BRH, la hausse des prix de la fonction transport a contribué à 39% à la croissance de l’inflation globale. Tandis qu’en glissement annuel, cette progression de l’inflation a été de de 15.5% en mai dernier contre 14.3% le mois précèdent.
Au niveau du secteur externe de l’économie, la note sur la politique monétaire de la BRH indique un accroissement du déficit commercial, une augmentation des transferts privés reçus de la diaspora haïtienne et une appréciation de la gourde par rapport au dollar américain. En effet, de janvier à mars 2017, le déficit commercial a atteint 1.17 milliard de dollars, soit une hausse de 20.41% par rapport à la même période de 2016. Cette détérioration de la balance commerciale du pays est la conséquence d’une progression des importations conjuguée à une baisse des exportations. En effet, les importations ont crû de 12.48% pour atteindre 1.62 milliard de dollars, pour la période considérée, alors que les exportations ont diminué de 4% pour atteindre environ 449 millions de dollars.
En ce qui concerne le transfert reçus de la diaspora, il faut dire que ces derniers ont atteint 1.15 milliard de dollars pour les 7 premiers mois de l’exercice (oct.2016-avr.2017), soit un accroissement de 13.41% par rapport à la même période de l’exercice précédent.
En ce qui a trait aux finances publiques, l’Etat haïtien a collecté environ 18 milliards de gourdes au cours du 3ème trimestre de l’exercice, soit une baisse de 1.6% par rapport au trimestre précédent, alors que les dépenses publiques ont chuté de 21.15% par rapport au trimestre précédent pour atteindre 20.7 milliards de gourdes.
Les recettes cumulées d’octobre 2016 à juin 2017 sont estimées à 52.8 milliards de gourdes, soit un taux de réalisation de 68.8% par rapport aux recettes prévues par le gouvernement dans le budget rectificatif ; alors que les dépenses cumulées d’octobre 2016 à juin 2017 ont totalisé 67.3 milliards de gourdes, ce qui correspond à un taux d’exécution de 79.1% du montant total prévu dans le budget rectificatif en cours.
En termes de décision de politique monétaire, au-delà des interventions de la BRH sur le marché des changes qui ont atteint 50.78 millions de dollars (avril-juin 2017), suite à l’annonce de vente des $120 millions, les autorités monétaires ont fixé la position de change cambiste journalière des banques commerciales à 0% et la position structurelle a été ramenée de 1% à 0.5%, ce qui a favorisé, entre autres, cette baisse relative du taux de change sur le marché.
On espère que les différentes mesures prises par la Banque centrale pour stabiliser le taux de change se poursuivre même après l’échéance des interventions annoncées. Toutefois, il faut rappeler que le reste de l’économie doit bouger et d’autres acteurs du secteur public doivent aussi jouer leur partition pour arriver à une nette augmentation de l’offre de devises dans l’économie.
