Quorum infirmé, renforcement des incertitudes politiques et des anticipations négatives des agents économiques

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com | Radio Vision 2000 

Exactement un mois et une semaine après son installation au Palais National, le Président Jovenel Moise, en consultation avec les présidents des deux chambres, n’arrive toujours pas à doter le pays d’un nouveau gouvernement et laisse encore le pays dans l’incertitude. En effet, la séance plénière des sénateurs, qui devait sanctionner la déclaration de politique générale du premier ministre nommé, est suspendue jusqu’à nouvel ordre, ce qui va automatiquement non seulement renforcer les incertitudes politiques, mais aussi alimenter les anticipations négatives des agents économiques.

Tout le monde en attente. Des agents économiques sont inquiets. Personne ne sait ce qui va se passer dans les jours à venir avec ce cabinet ministériel qui risque d’être modifié. D’un autre coté, même les travaux de plusieurs institutions de politiques publiques dans l’administration publique sont pratiquement bloqués, car on attend l’arrivée d’un nouveau gouvernement avec sa vision, ses objectifs et ses nouvelles politiques de développement.

Le pays vit une situation difficile et si dans les jours à venir le prix du dollar augmente et que le taux de change passe à 71 gourdes pour un dollar, nous ne devons être ni surpris ni choqué, car ce seront les conséquences de nos choix, nos choix politiques, nos choix économiques et nos choix de défendre des intérêts personnels ou de groupe au lieu de ceux du pays.

Même si la Banque centrale (BRH), elle-même, se montre très préoccupée par la situation et a pris l’engagement la semaine dernière  d’intervenir sur le marché des changes à hauteur de 20 millions de dolllars par mois, ce qui relève évidemment de sa mission de défendre la valeur externe de la monnaie nationale, la BRH n’a pas une baguette magique pour stabiliser le taux de change quand les causes de la dépréciation de la gourde sont, entre autres, structurelles, c’est-à-dire des causes qui renvoient à un manque de production locale diversifiée destinée à l’exportation et un manque de politiques (publiques) visant à attirer des devises vers l’économie, que ce soit en termes d’investissements directs étrangers ou en termes d’arrivées de touristes en Haïti ou tout simplement un déficit de croissance dans l’économie.  C’est dans cette optique, entre autres, que le gouverneur de la BRH, M. Jean Baden Dubois, prône pour la première fois une Banque centrale pro-croissance.

D’où la nécessité pour que les acteurs politiques trouvent un consensus entre eux, afin de doter le pays d’un nouveau gouvernement. Ceci favorisera un environnement plus attractif à l’investissement, plus serein pour diminuer les anticipations négatives et plus propice à l’augmentation des activités économiques dans le pays.

 

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