Le stock de la dette d’Haïti se rapproche de 200 milliards de gourdes : de nouvelles préoccupations pour l’administration de Jovenel Moise

 Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / riphardserent@gmail.com / Radio Vision 2000

 

La nouvelle administration de Jovenel Moise a intérêt à opter pour la bonne gouvernance, en vue de mieux gérer le service de la dette d’Haïti, entre autres, qui fait face de nos jours à un ensemble de défis, notamment les fluctuations du taux de change et le faible niveau des recettes fiscales qui, jusqu’à présent, n’arrivent pas à atteindre 1 milliard de dollars américains.

En effet, dans une interview accordée hier dimanche à l’émission Rendez-vous Economique sur une station sœur, le directeur adjoint au trésor du ministère de l’économie et des finances (MEF), M. Jean Dorat André, a indiqué que le stock de la dette d’Haïti, au 31 décembre 2016, s’élève à 197.8 milliards de gourdes, soit environ 38 à 39% du PIB et que la Banque centrale (BRH) reste le principal créancier interne de l’Etat haïtien.

En fait, selon les données du MEF, la dette de l’Etat haïtien envers la BRH s’élève à 54 milliards de gourdes au 30 Septembre 2016, soit près de 90% du montant total de la dette interne du pays.  Parlant de dette interne, il faut dire que celle-ci  représente environ 30% du montant total de la dette publique d’Haïti, soit environ 60 milliards de gourdes au 31 Décembre 2016. Donc, la plus grande part de la dette d’Haïti est externe (dette externe 70%) et que le Venezuela reste le principal créancier externe d’Haïti, avec une dette évaluée à 1.7 milliard de dollars au 30 septembre 2016, dans le cadre du programme Petrocaribe, ce qui représente environ 80% de la dette externe d’Haïti.

Il faut dire que  pour gérer le service de la dette cette année, le gouvernement Privet-Jean Charles avait dégagé une enveloppe de 11 milliards de gourdes dans le budget de l’exercice 2016-2017, soit 14% du montant total des recettes domestiques prévues pour cette année. Ce qui veut dire, en d’autres termes, que sur chaque 100 gourdes que l’Etat rentre dans ses caisses cette année, 14 gourdes sont prélevées pour payer les dettes de l’Etat envers ses créanciers internes et externes.

Ce qui est inquiétant aujourd’hui et qui constitue une nouvelle préoccupation majeure pour le MEF, c’est l’implication de la fluctuation du taux de change sur le service de la dette. En effet, si l’Etat haïtien en Septembre 2016 devait mobiliser 8 millions de dollars, soit 520 millions de gourdes par mois pour payer le Venezuela avec un taux de change de 65 gourdes pour 1 dollar, aujourd’hui , en mars 2017, avec un taux de change de 69 gourdes pour 1 dollar, l’Etat haïtien a besoin de dégager 552 millions de gourdes par mois pour payer ces mêmes 8 millions de dollars au Venezuela, soit un surplus 32 millions de gourdes à retirer dans le budget, juste à cause de cette variation de 6% du taux change entre septembre 2016 et mars 2017.

D’où la nécessité pour la nouvelle administration de Jovenel Moise de rentrer dans cette dynamique de formuler et d’implémenter des politiques publiques qui peuvent encourager la bonne gouvernance, aider à stabiliser le taux de change, continuer à assainir les finances publiques, augmenter la pression fiscale et pourquoi pas élargir l’assiette fiscale aussi pour plus de recettes domestiques et une meilleure gestion du service de la dette du pays.

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