95% des recettes municipales sont collectées par six communes seulement de l’Aire Métropolitaine

Écrit par Riphard Serent, MPA / Economiste / Radio Vision 2000 | riphardserent@gmail.com

La question du financement des collectivités territoriales est rentrée encore véritablement dans les débats, suite à l’existence maintenant des maires élus à la tête des municipalités du pays.

C’est dans ce contexte que la Fédération nationale des maires haïtiens (FENAMH), le Ministère de l’Intérieur et des collectivités territoriales (MICT), le Ministère de la planification et de la coopération externe (MPCE) et le Group Croissance, avec la collaboration de la BRH, ont réalisé ce weekend dernier, à la salle de convention de la Banque, un grand sommet sur l’identification et la mobilisation des ressources pour financer les collectivités territoriales haïtiennes.

A l’ouverture même de ce sommet sur le financement des collectivités territoriales, le président de la FENAMH, M. Jude Édouard Pierre, maire principal de la commune de Carrefour, a décrit un tableau très sombre de la situation financière de l’ensemble des municipalités du pays, avec des inégalités très criantes, ce qui explique que près de 80% des 140 communes du pays ne sont pas encore en mesures de jouer leur rôle pleinement dans l’atteinte des objectifs de développement à l’horizon 2030.

En effet, les recettes totales collectées par les 140 communes du pays sont inferieures à 1 milliard de gourdes, pour se retrouver autour de 900 millions de gourdes, soit environ 13 millions de dollars américains. Ce qui parait très inquiétant c’est que,  de ces 900 millions de gourdes de recettes totales, six communes de la zone métropolitaine collectent à elles seules 870 millions de gourdes, soit 95 % des recettes totales des municipalités du pays, selon les données du MICT. Donc, ce qui veut dire que les 134 communes restantes du pays partagent entre elles 5% des recettes de l’ensemble des municipalités évaluées à 30 millions de gourdes.

D’un autre côté, en ce qui concerne la contribution foncière des propriétés bâties (CFPB), qu’on appelle souvent impôts locatifs,  les 140 communes du pays collectent seulement 500 millions de gourdes, dont 350 millions (70%) sont accaparés par la commune de Delmas à elle seule.

Face à cette situation lamentable des finances municipales, le Président Jocelerme Privert, avant de partir, a publié un arrêté qui va mettre fin à la mauvaise utilisation du fonds de gestion et de développement des collectivités territoriales (FGDCT). Il faut rappeler que les municipalités disposent de quatre sources potentielles de financement, à savoir les recettes locales, les dons, les prêts et les bons municipaux.

On espère que la prochaine administration de Jovenel Moise va continuer sur cette même lancé pour renforcer la capacité de financement des collectivités territoriales, car le développement national doit et surtout passer d’abord par le développement local.

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