Discours de Jocelerme Privert devant l’Assemblée Nationale

Source radiotelevisioncaraibes.com

Je prends la parole, aujourd’hui dans cette enceinte, au titre des exigences de l’article 151 de la Constitution, qui prescrit la délivrance d’un message du Président de la République, sur l’état de la Nation, par-devant l’Assemblée nationale, au deuxième lundi de janvier.

L’ouverture de la première session ordinaire de l’année 2017, vous en conviendrez, prend une connotation particulière au souvenir des aléas qui ont jalonné notre cheminement pénible à travers les ornières des incertitudes qui semblaient en passe de miner nos ambitions et nos espérances dans l’avenir de notre démocratie et la consolidation de l’État de droit au pays. Tout au long de l’année 2016, je n’ai cessé de marteler qu’un risque de dysfonctionnement menaçait l’ensemble des institutions républicaines en ce début d’année 2017, si des élections libres, transparentes, démocratiques et inclusives ne dotaient le pays d’autorités légitimes à tous les échelons du pouvoir.

Les défis pour y arriver étaient multiples. Au-delà même des défis matériels, financiers et infrastructurels – que j’évoquerai plus loin – le principal obstacle était celui de la confiance. Beaucoup d’acteurs, de décideurs et de partenaires ne croyaient pas possible d’opérer ce virage difficile, de réussir ce bond gigantesque et nécessaire vers la stabilisation de nos institutions et la pacification sociale et politique du pays. Aujourd’hui, cette rentrée parlementaire montre que le sursaut patriotique a vaincu le pessimisme, grâce aux vertus fécondes du dialogue, du travail, de la fermeté et de la détermination.

Mesdames, Messieurs,

Honorables Sénateurs et Députés,

Le Premier ministre Enex Jean-Charles vous a déjà exposé le bilan exhaustif de l’action gouvernementale. Je ne vais donc pas m’interniser sur les résultats et performances sectoriels. En tant que chef de l’État, je m’attacherai surtout à rappeler à la Nation la situation du pays au tout début de l’année 2016, quand j’ai été élu par mes pairs pour assumer la magistrature suprême avec un mandat spécifique : la poursuite du processus électoral enclenché en 2015. J’évoquerai ensuite les principaux chantiers et les grands défis qu’il a fallu relever,  avec tact, doigté, dans une quête permanente du bien-être collectif. Je vous présenterai, enfin, les perspectives pour le pays en cette nouvelle année 2017.

TOUT D’ABORD, SUR LE PLAN POLITIQUE

Le spectre du dysfonctionnement des institutions républicaines, qui se profilait à la fin de l’année 2014, annoncait déjà que notre patrie était entrée dans une ère d’incertitudes et de turbulences. Les principaux acquis détenus par le peuple haïtien en votant massivement la Constitution de 1987, à savoir son bien être matériel, l’Etat de droit et la démocratie, étaient compromis. Il fallait au plus vite apporter une réponse politique à cette ambiance délétère propice à toutes les aventures. Les échéanciers électoraux maintes fois repoussés devenaient de plus en plus nécessaires et indispensables.

Le 3 janvier dernier, le CEP a donné les résultats définitifs des élections du 20 novembre 2016, consacrant la victoire au premier tour de M. Jovenel Moïse en tant que 58e président élu de la République d’Haïti. Je saisis cette occasion pour le féliciter, encore une fois et pour lui souhaiter du succès dans le cadre des lourdes responsabilités qui l’attendent. J’ai d’ailleurs pris l’initiative, tout de suite après la publication des résultats consacrant sa victoire dans le journal officiel Le Moniteur, de lui proposer la mise en place immédiate d’une commission mixte de passation des pouvoirs, ce qu’il a accepté.

Je félicite également tous les autres élus issus de ces joutes et souhaite bonne chance aux candidats encore en lice.

VIOLENCE ET INSÉCURITÉ

La proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle d’octobre 2015 avait été accueillie sur l’ensemble du territoire par des manifestations de rue accompagnées d’actes de violence, lesquelles se sont poursuivies jusqu’au mois de février 2016. Mon élection à la présidence provisoire du pays, l’ouverture des consultations avec les acteurs politiques et la formation de ce gouvernement de consensus ont permis un net ralentissement de ces manifestations et instauré une bénéfique atmosphère de paix et de stabilité. Les récentes contestations, à la suite du résultat des joutes du 20 novembre, n’ont jamais atteint l’ampleur ni l’impact que celles que nous avons vécues au début de l’année 2016.  Je tiens à féliciter, à ce propos, les forces de police qui, dans le respect du droit à manifester de chaque citoyen, ont su éviter des débordements majeurs.

LA SITUATION ÉCONOMIQUE : L’INFLATION ET LA CHUTE DE LA GOURDE

Dans un tel contexte, la gestion macroéconomique du Gouvernement et des dirigeants de la Banque de la République d’Haïti a été prudente et effective. Un simple coup d’œil au tableau des paramètres financiers et monétaires révèle le maintien d’une croissance de 1,4%, certes modeste, mais tout de même supérieure à celle de l’année précédente, et soutenue, pour la première fois depuis plusieurs années, par la production marchande dont l’agriculture — +3%, contre la forte chute de 5,4% accusée l’an dernier — et l’industrie manufacturière — +1,5%.

La croissance fut toutefois, sans surprise, pénalisée par la stagnation des secteurs du bâtiment et des travaux publics (0,2%), d’une part et, d’autre part,  par la faible croissance du sous-secteur  « commerce, restaurants et hôtels » conséquence de la prudence des investisseurs du secteur en raison de l’environnement politique incertain et instable.

La bonne gestion des finances publiques, caractérisée par la quasi-absence d’endettement additionnel de l’Etat central durant la seconde moitié de l’exercice fiscal 2015-16, depuis la signature du Protocole d’accord sur la Gestion de trésorerie entre le ministère de l’Economie et des Finances et la BRH, a permis d’échapper à la nécessité du financement monétaire du Trésor public par la banque centrale.

Les réserves internationales nettes de change de la BRH ont remonté fortement – de  US $767 millions en décembre 2015 à US $925 millions en décembre 2016 —  soit US $157 millions, tendance inaccoutumée en période électorale, où l’on s’attendrait plutôt à une pression sur les dépenses…….lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com

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