Haïti – Société : Profonde indignation suite aux agressions verbales et menaces sexuelles de Martelly contre une femme

Prise de position concernant l’agression du Président Martelly envers une femme à Miragoâne

Par des organisations de femmes et de droits humains, des personnalités

Document soumis a AlterPresse le 31 juillet 2015

Une nouvelle fois, le Président de la République, Michel Martelly, a rappelé à la population qu’il ne s’est pas départi des pratiques prisées par Sweet Micky, le musicien qu’il était.

Le mardi 28 juillet (2015), lors d’un meeting politique à Miragoâne, le président a agressé une femme qui questionnait les réalisations de son gouvernement.

Le président, instauré par la communauté internationale, a choisi la date de commémoration du centenaire de l’occupation américaine pour avilir les femmes et le pays ; une date symbolique qui faisait l’objet de réflexions pour des femmes et hommes organisés.

C’est d’un ton rageur et avec des propos orduriers que le président s’en est pris à la femme, l’attaquant dans sa dignité de citoyenne. Les attaques ont aussi ciblé la femme en tant que telle, avec les menaces de violence physique et sexuelle proférées.

Ce comportement démontre, qu’aux yeux du président, les femmes n’ont pas droit à la parole et doivent se soumettre à l’autorité masculine, surtout lorsqu’il s’agit d’un chef. Et, les femmes sont destinées à assouvir le plaisir masculin.

C’est ce que laissait entendre le président, lorsqu’il a proposé à la femme de le rejoindre sur le podium.

Ce comportement du président traduit son mépris des femmes.

Lorsqu’un chef d’État agit de la sorte, cela signifie que le discours, pour le respect des droits des femmes et leur participation politique, n’est qu’une posture. Outre le fait de vilipender une femme particulière, le président insulte le pays et le traîne dans le caniveau, encore une fois.

La nation et le monde ont eu droit au triste spectacle d’un président débitant des insanités.

Le comportement du présidant soulève notre profonde indignation.

Nous sommes concerné-e-s, en tant que personne, comme défenseur-e-s des droits de la personne et en tant que citoyennes et citoyens luttant pour la dignité dans notre pays.

Les insultes du président, visant le corps féminin, constituent une incitation à exercer les violences envers les femmes, spécialement le viol. Les individus, qui se gaussaient du spectacle, sont aussi complices. Toujours prêts à applaudir les abus d’un chef, ces gens ne songent pas aux conséquences néfastes de ces actes dans la société.

Le comportement de monsieur Martelly est sexiste.

Le président a coutume de s’en prendre vertement aux hommes qui le contestent, comme cela s’est vu durant cette campagne électorale dans les départements du Nord-Est et du Nord-Ouest. Cependant, ces agressions n’ont pas de caractère sexuel.

Ce n’est donc pas par hasard, si, sous le gouvernement de monsieur Martelly, les conquêtes du mouvement des femmes sont le plus menacées.

Ce n’est pas un hasard, si, sous son gouvernement, le Ministère à la condition féminine se détériore, parfois même jusqu’à être un outil de propagande du pouvoir.

Pas de hasard non plus, dans le fait que le harcèlement sexuel envers les femmes tend à s’ériger en règle dans les administrations publiques.

Les agresseurs ne sont jamais inquiétés. Au contraire, ils gagnent en grade certaines fois, tandis que les victimes doivent se terrer. Les violeurs ne sont pas sanctionnés par la justice comme ils le devraient.

Au début de son mandat, pour encourager le tourisme, le président a compté les femmes parmi les choses qu’on pouvait offrir aux touristes. Lors d’une émission à la télévision française, en novembre 2014, le président a laissé entendre que les femmes défavorisées se plaisaient à multiplier leur progéniture.

Selon les articles 116 et 117 du Décret électoral, les candidates et candidats, ainsi que leurs partisanes et partisans, doivent adopter une attitude correcte et agir avec modération et bon sens, dans le respect d’autrui.

Durant la campagne qu’il mène pour son Parti Tèt kale, le président bafoue ces règles. Comme pour n’importe qui d’autre, le Conseil électoral se doit de sanctionner ce comportement.

Les agissements du président Martelly concernent l’ensemble des citoyennes et citoyens, parce qu’ils bafouent le droit à la liberté d’expression et le droit au respect de l’intégrité physique et morale.

Les femmes sont majoritaires parmi les personnes détentrices d’une Carte d’identification nationale, avec laquelle on peut voter.

Avec notre bulletin de vote, nous pouvons sanctionner le président Martelly, en rejetant les candidates et candidats de son parti et de ses avatars.

Quand, dans l’appareil d’État, nous parviendrons à déraciner le machisme, qui dénigre, discrimine et dévalorise les femmes, le pays avancera dans une autre direction, où l’égalité des sexes et les droits humains seront respectés.

A bas le machisme ! Vive la lutte des femmes ! Vive le mouvement féministe haïtien !

Organisations signataires (à date)
1. Afasda – Asosyasyon fanm solèy d Ayiti /Association des femmes soleil d’Haïti
2. Cpfo – Centre de promotion des femmes ouvrières
3. EnfoFanm lire la suite sur alterpresse.org

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