Le compas direct a 60 ans – Merci Monsieur Nemours Jean Baptiste

Source  radiotelevisioncaraibes.com

« Li pa ba nou lajan

Li pa ba nou travay

Men li ba nou konpa

Ala yon bèl eritaj sa a »

En quatre phrases, au milieu des années 80, le Tabou Combo, groupe haïtien qui a été le plus loin avec le Konpa, rend un vibrant hommage à Nemours Jean-Baptiste dans une de ces musiques. Le compositeur et le maestro sont depuis des années oubliés. En retraite. Aveugle, réduit au silence. Tabou les ressuscite. Carlo Désinor, journaliste vedette de la Télévision Nationale d’Haïti, saute sur l’occasion et réalise la seule interview filmée de Nemours connue à ce jour. Dire que Nemours n’avait pas attendu pour faire chanter sa gloire. Dire que le maestro avait pris toutes les précautions plus de vingt ans plutôt, c’est le placer dans sa position de grand visionnaire.

« Fòk nou ka rann Omaj a Nenours Jean-Baptiste

Premye nèg ayisien ki envante yon rytm

Rytm la pran, li korèk epi tout moun renmen l

Compas bon pase li korèk, se rythme de la jenès »

Personne mieux que l’un des orchestres de Nemours Jean-Baptiste lui-même ne pouvait rendre meilleur hommage au génial maestro et au compas direct qu’il a forgé. Compas direct dans la graphie de son temps, comme lui-même il avait décidé de l’inscrire dans sa musique, dans son système de communication.

Car personne mieux que Nemours n’a fait mieux avant lui pour se présenter, se vendre, s’imposer lui-même comme une vedette, son rythme comme une évidence.

Quand vous cherchez dans les archives ou sur internet, à chaque fois revient le nom du maestro. Ensemble aux Calebasses de Nemours Jean-Baptiste, Super Combo de Nemours Jean-Baptiste, Super Ensemble Nemours Jean-Baptiste, Ensemble Nemours Jean-Baptiste, Nemours Jean- Baptiste et son Super Ensemble, Grand Orchestre de Nemours Jean- Baptiste ou tout simplement Nemours Jean-Baptiste, le maestro a toujours été au devant de la scène sur les affiches et sur les albums.

Un des albums, « The sensation of th day » le présente en couverture aussi simplement que « Nemours Jean-Baptiste, Creator of the Compas Direct rythm ». On ne peut pas faire plus simple et plus direct. Comme le dit Raph Boncy, on peut douter de la paternité du rock, du blues, de la salsa, de la bossa nova, du reggae, du rap, ou de n’importe quel rythme, sauf du Compas Direct. Nemours est le père de cette musique-là. Personne ne sait qui a décidé de la danser comme on la danse.

La force de Nemours c’est cela, une marque déposée sur son groupe, sur sa musique, sur la musique haïtienne dès le tout début. Il bénéficie de plus de l’essor de la radio, puis du transistor. La musique qu’il fait va loin, plus loin que celle de ces devanciers. Après Nemours, la musique haïtienne change. Grâce à lui.

Nemours, c’est aussi, comme l’a dit et redit Jean Jean Pierre lors du colloque organisé par Ayiti Mizik, un agitateur musical qui introduit souvent de la nouveauté dans son orchestre. Chaque année, un nouvel instrument faisait son entrée dans le groupe pour apporter un son, un souffle nouveau. Nemours lui-même joua tour à tour de l’accordéon, de la guitare, du saxophone dans ses différents groupes.

Nemours Jean-Baptiste voyage aussi. Enormément. Il est à l’écoute et à l’affût. Le compas voyage avec lui et il ramène des influences qu’il fait brunir sous ses doigts de génial compositeur. L’influence de la musique haïtienne sera grande dans toutes les Antilles grâce à lui. Toute la diaspora haïtienne ne veut, ne joue que le compas.

C’est dans ce creuset, toujours à la recherche de sensation et de nouveauté, que naît le compas direct au fil des années. La date retenue est le 26 juillet 1955. Mais comme l’a bien démontré Jean Jean Pierre, il y a eu diverses versions de ce rythme, une évolution constante, mais un même maestro : le maître Nemours Jean-Baptiste.

Et si lors d’une soirée à Cabane Choucoune, Nemours laissa lire la suite sur radiotelevisioncaraibes.com

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