Annulation de la dette d’Haïti et ses retombées aujourd’hui

Il ne fait aucun doute l’Etat haïtien confronte des difficultés financières importantes. D’un cote, déficit budgétaire, d’un autre déficit commercial, et le plus dur dans tout cela, le président de la  République a admis que l’Etat n’a pas un sou, ou peut être selon d’autres déclarations, L’Etat n’a pas beaucoup d’argent, bref, cela revient au même. Le constat est clair. Beaucoup de travaux sont bloqués, l’Etat risque d’avoir des difficultés de respecter ses engagements. La situation est difficile. Un nouveau ministre des finances est venu pour selon les dires redresser la barre. Bref ! Tandis que de l’autre coté, Le Ministre Laleau reconnaît qu’il avait lui même laissé moins de déficit, en d’autres termes, il a laissé un bilan positif. Lequel des deux a raison ? On ne sait pas trop, ce qu’on sait c’est que le pays a des problèmes, et n’arrive pas financer ses projets et achever d’autres déjà entamés.

On a peut être trop dépensé par rapport aux ressources disponibles, ou on a collecté des recettes en dessous des attentes ou des prévisions ? Pas sur, vu que la DGI et l’Administration Générale des Douanes ont publié des chiffres encourageants qui dépassent les attentes. Mais il y a un problème à un autre niveau. La portion de l’internationale dans le financement des actions du gouvernement fait défaut. Et ce manque à gagner pèse très lourd dans l’approvisionnement des ressources de l’Etat.

Nos principaux financeurs a savoir la BID, la Banque Mondiale, et quelques pays « amis », ont moins de confiance, donc, ils nous octroient des prêts de plus petits montants, et pas aussi fréquent qu’avant. La situation des pays européens et les incertitudes au niveau mondial en sont des causes, mais le gros de la question, est le fait que ces financeurs ont pratiquement annulé la plupart de nos dettes depuis 2010, ce qui constitue un obstacle majeur au renouvellement de certains prêts.

On se rappelle qu’en février 2010, Nicolas Sarkozy avait annoncé l’annulation de la dette d’Haïti à la France, dette d’une valeur de 56 millions d’euros.

De plus, le Club de Paris, groupe informel d’Etats créanciers dont font partie tous les pays du G7, s’était engagé en juin 2010 à annuler la totalité de la dette d’Haïti vis-à-vis de ses membres, soit 214 millions de dollars. La dette extérieure totale d’Haïti s’élevait à l’époque à environ 890 millions de dollars, dont 41% auprès de la Banque interaméricaine de développement (BID) et 27% auprès de la Banque Mondiale.

Plus tard, en Juillet 2010, le Fonds monétaire international (FMI) avait annoncé avoir annulé l’intégralité des sommes qu’Haïti lui doit et avoir accordé à ce pays une nouvelle facilité de caisse pour soutenir sa croissance et l’aider à se reconstruire. Le conseil d’administration du FMI avait accordé une annulation de dette totale à Haïti, ce qui correspond à une remise de dette de 268 millions de dollars.

En septembre 2010, la Banque interaméricaine de Développement (BID) a annoncé l’annulation de la dette d’Haïti envers cette institution, laquelle s’élevait à 484 millions de dollars.

Parallèlement, la Banque mondiale avait annoncé l’annulation du solde de 36 millions de dollars de la dette d’Haïti envers l’Association internationale de développement (IDA) — le guichet du Groupe de la Banque mondiale destiné aux pays les plus pauvres.

Il faut dire également, bien avant 2010, précisément en juillet 2009, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et d’autres créanciers avaient accordé une remise de dette de 1,2 milliard de dollars à Haïti.  Enfin, le Venezuela avait annulé 395 millions de dollars de la dette d’Haïti envers le Venezuela, dans le cadre de l’alliance PetroCaribe.

Mais la question essentielle est de savoir si l’annulation de la dette dans son intégralité est le moyen le plus efficace et le plus équitable d’appuyer les efforts de relance économique ou de développement ?

Madame l’actuelle ministre de l’Économie et des Finances, Marie Carmelle Jean-Marie, avait déjà donné la réponse en ces termes en juin 2012: «En toute franchise, c’est la pire des erreurs que nous ayons commise en acceptant l’annulation de la dette du pays. Ce choix équivaut à une déclaration de faillite et nous ferme la voie aux marchés financiers. Or, aucun développement ni croissance économique ne peut être mené avec des dons: il faut être en mesure d’effectuer des prêts»

L’équation est simple. L’annulation de la dette par les institutions financières nuit à leur fonctionnement. Vu que les remboursements sur les emprunts constituent une source de rentrée  pour ces institutions. Donc, annuler nos dettes a court terme réduit la marge de manœuvre de ces institutions, mais a long terme cette action ferme lentement et surement la porte pour nous de bénéficier de nouveaux emprunts. On pourrait peut être respirer mieux malgré tout si au moins nos finances étaient assainies, si les dépenses gouvernementales n’étaient pas si folles, si on avait un budget qu’on était en train de respecter, si les politiques n’étaient pas réduites à des jeux d’improvisation et de tâtonnement, et si PetroCaribe, n’était pas dans l’incertitude avec la crise au Venezuela.

L’austérité doit être la nouvelle norme si on veut redresser la barre pour donner confiance aux bailleurs en terme de meilleure gestion. On ne parle pas ici d’une austérité deux poids et deux mesure, qui voit augmenter le nombre de ministres avec leur privilèges mais viserait a obtenir des compressions au niveau des administration publique au détriment de cadres intermédiaires et petit personnel.. Que les autorités économiques et financières prennent les choses en main, prennent leurs responsabilités, prêchent l’exemple, et fassent les meilleurs choix.

Chiffre pour aujourd’hui: 9

Le déficit budgétaire a augmenté selon la dernière note monétaire de la BRH de mars 2014, ce qui a entrainé un financement monétaire de la Banque Centrale au 26 mars 2014 de 3,1 milliards de gourdes contre 335,7 millions en mars 2013. Soit 9 fois plus élevé en un an.  Augmentation de financement des plus significative.

Etzer EMILE, M.B.A

Radio Vision 2000

etzeremile@gmail.com

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